La part de l’application dans l'écriture à la main

Devant la baisse des exigences constatée parfois dans l’Education  Nationale, les parents se disent  que si leur enfant écrit mal c’est qu’il ne fait pas d’effort, qu’il ne fait pas attention  voire même qu’il le fait exprès. J’entends souvent dire « Moi, quand j’étais petit (petite), mon maître aurait déchiré ma feuille si j’avais osé rendre un tel torchon. Maintenant, les enseignants laissent tout passer».

Le premier fait qui vient contredire cette théorie est le manque de formation des enseignants sur l’écriture manuscrite (Voir l’intervention que j’ai faite à ce propos lors du colloque de l’AFPEAH  :

ainsi que l’excellent article de ma collègue Laurence Pierson : à lire ici.

Les enseignants  ne laissent pas tout passer. Ils ne savent tout simplement pas quoi faire d’autre que de demander à leurs élèves de « s’appliquer », de faire recommencer la copie ou l’exercice … et d’en constater les limites.

Mon expérience de spécialiste de l’écriture manuscrite me fait dire que la plupart du temps, le mauvais scripteur est en difficulté avec le geste d’écriture et que par conséquent il est incapable d’améliorer son écriture (seulement) grâce à des efforts ou à de l’application  ou alors c’est au prix d’une lenteur très exagérée. En effet, l’écriture est un reflet de la personnalité, une  trace qu’on laisse de soi-même. Donc comme la grande majorité des enfants ont envie de donner une bonne image, ils essaient souvent d’écrire le mieux possible surtout à l’école primaire. Certains avouent même être « jaloux » de leurs camarades qui écrivent bien. L’un d’eux m’a dit un jour «J’aurais préféré avoir de moins bonnes notes mais une plus belle écriture comme ma camarade de classe ».

D’un autre côté, des enfants qui ne font pas d’effort et qui améliorent grandement leur écriture quand ils s’appliquent et ce,  sans trop perdre en vitesse, ça existe aussi même si c’est plus rare.

Alors, comment faire la part des choses ? Comment savoir si le geste pose vraiment problème ou si votre enfant fait partie de cette petite minorité qui « ne fait pas d’effort ».

Observez-le : si sa posture est très différente du celle préconisée sur tous les sites de rééducatrices en écriture, s’il se met à devenir bien trop lent quand il s’applique au point de ne pas avoir le temps de finir de copier sa leçon ou sa poésie, de ne pas avoir le temps de finir une évaluation dont il connaissait les réponses ou s’il se plaint alors de douleur (ou a fortiori si la douleur se manifeste dans son écriture quotidienne), il n’y pas d’hésitation à avoir. Il faut entamer une rééducation de l'écriture auprès d'un graphopédagogue (enseignant spécialisé dans l'écriture) aussi appelé rééducateur en écriture.

S’il est capable d’écrire bien et suffisamment vite, avec une posture correcte mais qu’il ne le fait que rarement et sur sollicitation de ses enseignants ou de la vôtre, alors …soyez exigeant et demander à ses enseignants de l’être. Plus il se forcera à écrire souvent avec cette belle écriture, moins cela lui demandera d’efforts…Au bout d’un moment, cette écriture lui deviendra « naturelle ».