Avant la « grande école », que faire à la maison pour préparer au mieux l’écriture ?

On attend beaucoup de l’Ecole pour préparer les moins de 5 ans à l’écriture. Et c’est, certes, une des ses missions essentielles. Cependant, un jeune enfant passe aussi beaucoup de temps à la maison. On peut donc essayer de participer efficacement à cette préparation ou tout du moins essayer de la faciliter.

Conseil n°1 : surtout ne pas lui demander d’écrire avant qu’il ne sache lire.
Avez-vous déjà essayé de copier un mot écrit dans un alphabet que vous ne connaissez pas ?

Eessayez par exemple de copier     la ville de la paix  sans connaître l'hébreu ou                                  les mille et une nuits sans connaître l'arabe.

 Il est probable que vous ferez certaines lettres en  au moins deux  parties, sans lier le geste, peut-être à l’envers du sens habituel de l’écriture. Ce n’est pas de l’écriture mais du « dessin de lettres ».

Or, lorsque nous demandons à un petit qui ne sait pas encore lire, qui ne connaît pas encore le son de chaque lettre d’ « écrire », il va dessiner les lettres, en tournant les o qui pour lui ne sont qu’un petit « rond », à l’envers, en faisant une trait vertical agrémenté d’un autre petit trait horizontal vers le haut pour représenter ce signe que nous, lecteurs,  appelons « t », en rajoutant l’œilleton du  « r » après avoir dessiné le corps de la lettre. Toutes ces pratiques sont contre-productives pour l’écriture et très difficiles à rattraper.

Et écrire son prénom objecteront beaucoup de  parents ?   Il est vrai que cela semble encore être une compétence « phare » de la maternelle. Tant qu’il ne connaîtra pas le son fait par chaque lettre ou groupe de lettres à écrire, il ne faudrait pas lui demander de les écrire en cursive, même pas son prénom surtout s’il s’appelle Christophe ou si elle se prénomme Joséphine ... On peut éventuellement lui apprendre à l’écrire en lettres capitales s’il est vraiment demandeur. Mais l’école s’en chargera certainement. Et il y a bien d’autres activités plus efficaces et plus ludiques pour le préparer au mieux à l’écriture à la maison.

Conseil N°2 : privilégier les activités quotidiennes  de motricité fine.

Auriez-vous pensé que lui demander d’écosser les haricots verts soit une activité préparatoire à l’écriture ? Et pourtant c’est une excellente activité si on sait que la qualité future de l’écriture dépend beaucoup de la capacité à mouvoir ses petits  doigts, à avoir un geste précis et sûr … Dans le même ordre d’idée, le canevas pour enfants, la couture, l’enfilage de perles ou même tout simplement le fait de lui apprendre et de le laisser faire ses lacets tout seul sont des activités intéressantes pour la préparation à l’écriture.

Conseil N°3 : lui donner des outils scripteurs adaptés.

Le dessin d’abord, le coloriage un peu  plus tard sont des activités qui attirent tous les petits. Il n’est pas question, sous prétexte  qu’ils n’ont pas encore la maturité nécessaire à une bonne prise en main de l’outil scripteur de le leur refuser à la maison. D’ailleurs, on le leur proposera dans quasiment toutes les classes de maternelle. Inutile de lutter donc …

Il  faut d’abord leur fournir un outil scripteur adapté  (crayon, stylo  ou feutre.).  Ma collègue Laurence Pierson explique cela très bien sur son site.

Essayez sans forcer de corriger sa tenue de crayon lors du dessin ou du coloriage. Mais si vous n’y arrivez pas, pas de panique. D’abord, il faut du temps, de la patience et de la répétition, ingrédients essentiels d’une éducation  efficace. En outre, gardez à l’esprit que certains enfants ont une tenue de l’outil scripteur différente lors de l’activité de dessin d’une part et de l’écriture d’autre part.

Conseil N°4 : observer ses gestes quotidiens pour vous faire une idée de sa latéralité : droitier ou gaucher.

Si certains sont clairement latéralisés très tôt et font tout ou presque avec leur main dominante (tenir leur petite cuiller, montrer du doigt, se barbouiller le visage de purée de carottes …), d’autres ne manifestent pas aussi clairement leur latéralité. Ces derniers auront tendance à utiliser indifféremment la main droite ou gauche pour écrire ou dessiner, parfois assez tard jusque vers 5 ans. Là encore, ne forcez rien, laissez-lui du temps. Mais utilisez cette période pour observer les gestes du quotidien qui, petit à petit, vont être faits de façon prédominante avec une des mains.

 Se brosser les dents, dévisser un bouchon de bouteille, attraper et déplacer un tout petit objet ou un insecte, distribuer des cartes, faire avancer un pion sur un plateau de jeu, remonter une fermeture éclair  seront de plus en plus réalisés avec leur main dominante. Et, en toute logique, ce sera cette main qui sera choisie pour écrire. S’il y a clairement conflit entre la main dominante pour les gestes du quotidien et celle de l’écriture, ce qui arrive rarement, il faudrait consulter une rééducatrice en écriture pour effectuer un test de latéralité.

Enfin, il y a aussi les ambidextres, capables de faire les gestes du quotidien comme d’écrire avec les deux mains. Mais les vrais ambidextres sont rares.

En appliquant tous ces petits conseils à la maison, vous aiderez efficacement les enseignants dans une de leurs missions essentielles : que tous les enfants sachent lire, écrire, compter à la fin de l’école  primaire.

tags : écriture, écrire  prénom, latéralité, droitier, gaucher, ambidextre